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Coronavirus : Faut-il vacciner en priorité les femmes enceintes contre le Covid-19 ? - 20 Minutes

A l'instar d'Israël, la Belgique vient d'inclure les femmes enceintes dans les populations éligibles à la vaccination anti-Covid. — JACK GUEZ / AFP
  • La Belgique vient d’inclure les femmes enceintes dans les populations éligibles à la vaccination anti-Covid.
  • En l’absence de données scientifiques sur l’innocuité des vaccins chez les femmes enceintes, les autorités sanitaires françaises ne recommandent pas pour l’heure la vaccination durant la grossesse.
  • Des essais cliniques doivent être menés pour évaluer les vaccins anti-Covid chez les femmes enceintes.

Vacciner vite les populations prioritaires et les protéger des formes graves du Covid-19 : telle est la stratégie du gouvernement. Pour l’heure, ce sont les plus de 75 ans, les soignants et les 50-64 ans ayant des comorbidités qui peuvent prétendre à la vaccination anti-Covid.

La Belgique, elle, vient de revoir sa stratégie et recommande désormais de vacciner les femmes enceintes contre le coronavirus. La France doit-elle faire pareil et les inclure dans les populations prioritaires, elles qui ne sont pas prévues au calendrier français ?

Plus de risques d’accouchement prématuré en cas de contamination par le Covid-19

« La grossesse augmente la possibilité d’être prise en charge aux soins intensifs pour un Sars-CoV-2, a déclaré samedi le Dr Frédéric Debiève, chef du service d’obstétrique aux Cliniques universitaires Saint-Luc, lors d’un point presse de la taskforce vaccination belge. En raison de la physiologie d’une femme enceinte, la ventilation mécanique et invasive est souvent nécessaire ». Le médecin belge s’appuie sur de récentes études menées sur 4.000 femmes enceintes atteintes du Covid-19 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, selon lesquelles ces patientes ont « 60 % de risques supplémentaires d’accoucher prématurément ».

En consultation, le Dr Françoise Coux, gynécologue obstétricienne, rassure ses patientes. « On en parle. Pour la grande majorité des cas, il n’y a pas de surrisques spécifiques sur la grossesse et le fœtus si la femme est en bonne santé. Mais il est vrai que dans certains cas, en cas de pathologies ou de comorbidités telles que l’obésité ou le diabète, il peut y avoir un surrisque en fin de grossesse, avec complications respiratoires, qui peuvent entraîner césariennes ou accouchement prématuré ; auquel cas les patientes font l’objet d’un suivi rapproché ».

« II n’y aucune raison de penser que le vaccin ne serait pas efficace ou qu’il serait dangereux », a indiqué de son côté le Dr Debiève côté belge. « La vaccination prévient des formes sévères de Covid-19, des accouchements prématurés ainsi que de la mortalité maternelle et périnatale. En outre, les anticorps sont transmis pendant la grossesse et l’allaitement, ce qui protège le bébé », ont souligné le praticien et le Dr Isabelle Dehaene, gynécologue obstétricienne à l’hôpital universitaire de Gand, appelant les soignants à recommander la vaccination aux femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse.

Pas encore de données sur l’innocuité des vaccins chez les femmes enceintes

Une recommandation également formulée par Israël, mais relativement inédite au regard des prescriptions émises pour l’instant. Début janvier, le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) sur la vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui se prononçait sur le vaccin développé par Pfizer-BioNTech, recommandait qu’il ne soit pas utilisé chez les femmes enceintes. « Des exceptions sont possibles si les bienfaits de la vaccination l’emportent sur les risques potentiels du vaccin, par exemple pour les personnes qui souffrent d’autres maladies ou pour le personnel sanitaire à risque élevé d’infection », précisaient les experts de l’OMS. Fin janvier, ils émettaient les mêmes recommandations s’agissant du vaccin ​ Moderna.

Une position également adoptée par la France. « En l’absence de données robustes sur la tolérance et l’efficacité du vaccin au cours de la grossesse, la Haute autorité de santé (HAS) rappelle que son utilisation chez la femme enceinte doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus », indiquait-elle dans son avis du 8 janvier, déconseillant la vaccination durant la grossesse et l’allaitement. Pour la HAS, seules les femmes ayant des comorbidités de type obésité ou diabète peuvent être éligibles, si leur état de santé le nécessite, et sur prescription de leur médecin traitant. Un avis renouvelé le 2 février à l’occasion de l’arrivée en France du vaccin AstraZeneca, déconseillé aux femmes enceintes et aux plus de 65 ans, deux populations exclues des essais cliniques.

Des études bientôt lancées

« AstraZeneca n’est, à ce jour, pas recommandé pour les plus de 65 ans. Mais cette recommandation peut varier dans les prochaines semaines en fonction des données que nous aurons », soulignait début février Dominique Le Guludec, présidente de la HAS. Mais alors que des études viennent de démontrer l’efficacité du vaccin britannique sur les plus de 65 ans, la HAS pourrait dès cette semaine réviser ses recommandations pour cette tranche d’âge. Et si de nouvelles données concernant les femmes enceintes et le fœtus étaient publiées, la HAS pourrait, là encore, revoir sa position.

Et s’agissant des vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna ? « Le fait de ne pas recourir à des vecteurs viraux laisse penser qu’il n’existe pas de risques d’effets indésirables pour l’embryon induit par le vaccin lui-même, avance IVI, un important réseau espagnol de cliniques spécialisées dans la procréation médicalement assistée (PMA). Ainsi, la seule raison qui pousse à ne pas recommander la vaccination pour les femmes enceintes repose uniquement et exclusivement sur le fait qu’aucune expérience n’a été menée pour le moment auprès de cette population ». BioNTech et Pfizer ont annoncé le 18 février le lancement d’une étude pour déterminer l’efficacité et la sécurité du vaccin sur des femmes enceintes en bonne santé, un groupe qui avait été exclu du premier grand essai clinique. L’essai portera sur 4.000 personnes aux Etats-Unis, au Canada, en Argentine, au Brésil, au Chili, au Mozambique, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et en Espagne.

Pour l’heure, « il y a quand même le risque des éventuels effets secondaires, même si les vaccins à ARN messagers ne sont pas transmissibles sur le génome, commente le Dr Coux, gynécologue obstétricienne. Quand on évalue la balance bénéfices/risques, il y a plus d’interrogations que de bénéfices prouvés : on ne sait pas encore ce qu’il peut se passer à long terme. En revanche, s’il est prouvé que le vaccin est efficace et sans risque pour les femmes enceintes et les fœtus, alors il y aura un intérêt à les vacciner pour qu’elles aient un troisième trimestre tranquille et sans risque induit de prématurité ».

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