Un des effets inattendus du Covid : le boom de l’orthodontie adulte. À l’instar de Coralie, quadragénaire employée dans une grande entreprise de la région, qui s’est décidée en pleine pandémie à rechausser les bagues dentaires. « Le recours à visioconférence a été révélateur. Toute la journée, tu te prends en pleine face le décalage entre tes incisives. Il fallait réagir. » Et elle n’est pas la seule à ressentir le besoin d’être soignée si l’on en croit le sondage réalisé par Harris Interactive, 39 % des Français interrogés portent ou un porté un appareil,tandis que...
Un des effets inattendus du Covid : le boom de l’orthodontie adulte. À l’instar de Coralie, quadragénaire employée dans une grande entreprise de la région, qui s’est décidée en pleine pandémie à rechausser les bagues dentaires. « Le recours à visioconférence a été révélateur. Toute la journée, tu te prends en pleine face le décalage entre tes incisives. Il fallait réagir. » Et elle n’est pas la seule à ressentir le besoin d’être soignée si l’on en croit le sondage réalisé par Harris Interactive, 39 % des Français interrogés portent ou un porté un appareil, tandis que 16 % estiment qu’ils en auraient besoin. Au passage, la période est propice : sous le masque, le sourire métallique se fait plus discret que jamais…
Il faut dire aussi que l’orthodontie a fait d’indéniables progrès : les traitements sont de plus en plus légers, comme les bagues posées à l’intérieur de la bouche, voire totalement invisibles. « Grâce à la 3D, ils sont aussi plus précis », souligne le Dr Jean-Baptiste Kerbrat, chirurgien maxillo-facial, stomatologue à la Pitié Salpêtrière et membre de la Fédération Française des Orthodontistes. Pour lui, il y a surtout un vrai « progrès social » : « En France, la couverture universelle permet un accès de l’orthodontie à tous les enfants de moins de 16 ans, gratuitement pour les familles modestes. C’est une chance. » Résultat, dans les classes de collège et de lycée, rares sont les élèves à ne pas être appareillés. Les chiffres de la Fédération sont éloquents : chaque année, quelque 900 000 jeunes sont pris en charge par l’un des 2 200 orthodontistes spécialisés, pour une durée fluctuant entre un et trois ans de traitement.

Fédération Française d’Orthodontie
Un investissement
Mais pour la plupart des familles, « le reste à charge est important ». De fait : « La Sécurité sociale n’a pas réévalué ses tarifs de prise en charge depuis 40 ans », constate le docteur Kerbrat. Depuis 1988, le montant des remboursements est fixé à 193,50 euros maximum sur six semestres. Quant aux mutuelles, attention au discours : « Un remboursement à 100 % (du ticket modérateur) est un leurre car cela veut dire qu’il ne dépassera pas la couverture de la Sécurité sociale. » Pour ce spécialiste, une bonne mutuelle doit couvrir les soins orthodontiques au moins à hauteur de 250 %. Ce qui est rarement le cas. Ainsi, la facture du sourire vire vite à la grimace, surtout pour les adultes : « En plus, pour eux, la chirurgie est souvent nécessaire, pour avoir une action sur les mâchoires. »
Bref, c’est un investissement. C’est si vrai que « des études statistiques ont prouvé que les adultes aux dents alignées avaient de meilleurs revenus », précise le médecin. « Il y a une vraie pression sociale » appuie-t-il.
Esthétique ou santé ?
À ce compte-là, s’agit-il d’esthétique ou de santé ? « Il y a une véritable nécessité médicale à aligner les dents », rétorque le spécialiste. « Sinon, la Sécurité sociale ne suivrait pas. Les problèmes de mâchoire ou de dents engendrent des soucis fonctionnels, ils ont une influence sur la respiration, la déglutition, la mastication, la phonation. » Ils peuvent aussi induire une apnée du sommeil. « Par exemple, un enfant qui a une mâchoire trop étroite va respirer par la bouche, son palais ne se développera pas bien, et il n’y aura pas de place pour les dents : c’est un cercle vicieux. Avec le traitement, les dents se redresseront mais ce n’est qu’une conséquence. Attention d’ailleurs à ne pas se concentrer sur les symptômes (le désalignement) sans se préoccuper des causes. Le seul alignement des dents n’a pas de sens. » Et si les patients sont d’abord motivés par le souci esthétique, ils comprennent vite l’enjeu médical.
« Les problèmes de mâchoire ou de dents engendrent des soucis fonctionnels, ils ont une influence sur la respiration, la déglutition, la mastication, la phonation »
Mais jusqu’où faut-il aller ? « Un mini défaut à l’adolescence devra être pris en compte : il s’accentuera avec le temps. » Ce qui n’est pas forcément vrai pour les adultes. « Si le détail reste stable pendant deux ou trois ans, inutile d’intervenir. » En revanche, les pièges ne manquent pas. Pour Le Dr Kerbrat, une règle : « Plus tôt l’enfant sera pris en charge, notamment pour rectifier les mâchoires, plus léger sera le traitement. » En revanche, sachez-le : aucun traitement n’est définitif, les dents ne cessant d’évoluer tout au long de la vie.
L’orthodontie a encore de beaux jours devant elle. Son défi ? Évoluer « en restant maître du métier, indépendant par rapport aux sociétés de matériel ». Droit dans sa blouse.
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