Une maladie très contagieuse et difficile à soigner a été détectée en France. L'Institut Pasteur donne l'alerte.
Une maladie très contagieuse circule en France. L'Institut Pasteur met en garde contre la shigellose qui provoque des diarrhées importantes. Une maladie difficile à soigner, notamment parce que la bactérie qui la cause devient de plus en plus résistante aux antibiotiques.
• Quelle est cette maladie?
La shigellose, ou dysenterie bacillaire, est une infection de l'intestin due à différentes bactéries de type Shigella (Shigella dysenteriae, Shigella flexneri, Shigella boydii et Shigella sonnei), également appelées shigelles, explique l'Inserm.
Concrètement, lors d'une contamination, les shigelles envahissent la muqueuse du colon et provoquent une réaction inflammatoire qui conduit à la destruction des tissus infectés. Ce qui occasionne pour le patient de fortes diarrhées pendant trois à quatre jours.
Cette maladie est extrêmement contagieuse: 10 à 100 bacilles suffisent pour provoquer l'infection. La maladie tue chaque année environ 200.000 personnes dans le monde, dont 65.000 enfants de moins de 5 ans.
Elle sévit surtout dans les régions tropicales où la shigellose est endémique toute l'année du fait du manque d'hygiène et d'infrastructures sanitaires. Mais ces dernières années, des foyers sont apparus dans les pays développés. En France, le Centre national de référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella a identifié en 2019 plus de 1300 souches de Shigella, détecté huit épidémies à Shigella sonnei et une à Shigella flexneri, selon son rapport annuel.
• Quels sont les symptômes?
La shigellose débute brusquement après une incubation brève. Parmi les symptômes: douleurs abdominales accompagnées de vomissements; émission de selles fréquentes, nombreuses voire hémorragiques; mais aussi fièvre et altération de l'état général, détaille l'Institut Pasteur sur une page consacrée à la maladie.
Les complications aiguës sont particulièrement redoutées chez le nourrisson et le jeune enfant (hypoglycémie, bactériémie ou septicémie, déshydratation, collapsus, insuffisance rénale aiguë, occlusion intestinale ou péritonite, liste l'Inserm).
Les complications chroniques peuvent également causer une malnutrition durable avec un retard de croissance sévère sur le plan de la taille ou du poids.
• Comment se transmet-elle?
L'être humain est le seul réservoir de cette bactérie. Un malade pouvant éliminer les bacilles dans ses selles pendant des semaines après un épisode dysentérique, les risques de contagion sont importants.
Concrètement, la shigellose se propage par voie féco-orale, notamment via l'eau, les aliments contaminés ou encore les mouches. Dans les pays en développement, la maladie touche essentiellement les enfants mais aussi les militaires en opération, les personnels humanitaires et les touristes.
Dans les pays industrialisés, de petites épidémies peuvent survenir dans les établissements collectifs de jeunes enfants. Mais ces dernières années, deux de ces bactéries (Shigella sonnei et Shigella flexneri) sont devenues épidémiques au sein de la communauté homosexuelle masculine. L'Institut Pasteur parle même d'une "nouvelle infection sexuellement transmissible" et appelle à davantage de prévention.
"L'analyse des séquences du génome bactérien et les caractéristiques des cas, survenus préférentiellement chez des adultes de sexe masculin, suggèrent que ces souches, originaires d'Asie du Sud, se propagent notamment chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes", explique l'Institut Pasteur.
• Pourquoi inquiète-t-elle les chercheurs?
Contrairement à la gastroentérite, "la shigellose ne peut être traitée par la seule réhydratation", met en garde l'Institut Pasteur. En principe, les antibiotiques permettent une guérison rapide et sans séquelles. Mais depuis plusieurs années, des souches multi-résistantes - particulièrement de Shigella sonnei et Shigella flexneri - ont émergé. Ce qui complique considérablement la guérison des patients.
Et la population française n'est pas épargnée. Une étude publiée fin janvier dans la revue Nature communications évoque ainsi contre l'émergence "rapide" en France de cette maladie "ultrarésistante aux médicaments". Ces souches hautement résistantes aux antibiotiques ont en effet été identifiées pour la première fois en France en 2015. Elles ont augmenté de façon importante jusqu'à atteindre un pic en 2021 avec près d'un cinquième des cas.
Ces souches appartiennent à la même lignée, Shigella sonnei, devenue résistante à un antibiotique clé il y a une quinzaine d'années en Asie du Sud. La bactérie a ensuite développé cette résistance à d'autres antibiotiques.
"Il est tout à fait justifié, compte tenu des connaissances sur les précédentes épidémies, de s'attendre ces prochaines années à de nouvelles épidémies de shigellose avec ces souches hautement résistantes aux antibiotiques", mettent en garde les chercheurs.
Pour les cas les plus sévères, les seuls antibiotiques efficaces sont les carbapénèmes ou la colistine "qui doivent être administrés par voie intraveineuse, ce qui rend le traitement plus agressif avec un suivi plus complexe en milieu hospitalier".
• Y a-t-il un vaccin?
Plusieurs laboratoires travaillent au développement d'un vaccin. Des essais cliniques sont en cours et les premiers résultats semblent encourageants. L'Institut Pasteur a également mis au point un test de diagnostic rapide par simple contact avec un prélèvement de selles.
Les scientifiques s'interrogent également sur les différentes formes cliniques de cette infection et se demandent si des formes asymptomatiques ne permettraient pas une plus grande dissémination de la bactérie.
Son "haut potentiel épidémique", "l'émergence de résistance aux antibiotiques" et "la morbidité liée aux conséquences à long terme dues à des infections récurrentes" constituent, selon l'Institut Pasteur, "un problème majeur de santé publique". La bactérie Shigella fait d'ailleurs partie de la liste de l'OMS des douze agents pathogènes prioritaires pour la recherche de nouveaux antibiotiques.
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