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Après Mayotte, l'épidémie de choléra peut-elle gagner la métropole ? - 20 Minutes

Une femme porte un seau d'eau sur sa tête dans le quartier de M'tsamoudou, près de Bandrele, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, jeudi 12 octobre 2023.
Une femme porte un seau d'eau sur sa tête dans le quartier de M'tsamoudou, près de Bandrele, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, jeudi 12 octobre 2023. - Gregoire Merot/AP/SIPA / SIPA

L'essentiel

  • Une femme de 62 ans est décédée samedi à Mamoudzou du choléra, portant à deux le nombre de morts lié à cette maladie à Mayotte, a annoncé dimanche l’Agence régionale de santé (ARS).
  • Les premiers cas « autochtones », diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île française sont apparus fin avril, semant l’inquiétude face à la flambée des cas.
  • Faut-il s’inquiéter d’une propagation du virus qui se transmet par l’eau ou des aliments contaminés jusqu’en métropole ?

Le choléra a fait une deuxième victime à Mayotte. Après une fillette de 3 ans le 8 mai dernier, c’est une femme de 62 ans qui a succombé à la maladie samedi à Mamoudzou. L’épidémie flambe alors que l’Agence régionale de santé évalue 122 cas de choléra sur le territoire dans son dernier bilan daté du 27 mai.

Le plus inquiétant : des cas « autochtones », diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île française et apparus depuis fin avril. Ils indiquent une « transmission locale dans un certain nombre de quartiers », explique à 20 Minutes Renaud Piarroux, chef de service à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et spécialiste des épidémies.

Des conditions pas réunies en métropole

« A ce rythme, le choléra risque de se propager en métropole », alertait le vice-président en charge de la santé du conseil départemental de Mayotte, Madi Velou, interrogé par Libération le 10 mai dernier. Pourtant, selon Renaud Piarroux, il existe peu, voire pas, de risques de voir une telle épidémie se propager en métropole. Il peut toujours avoir des importations de cas de telle ou telle maladie, mais les circonstances de contamination n’existent pas.

« Ça fait des décennies qu’il y a du choléra en dehors de la France, ça fait autant de temps que des dizaines de millions d’étrangers viennent chaque année en France il n’y a jamais eu d’épidémie de choléra car on a accès à l’eau potable, à l’assainissement. Il y a peu de personnes qui boivent l’eau des ruisseaux et encore moins en ville », développe ainsi Renaud Piarroux. « A partir du moment où les règles d’hygiène de base sont respectées, il n’y a pas de souci à attendre », abonde de son côté Eric Caumes, infectiologue au service des maladies infectieuses et tropicales de l’AP-HP.

Des quartiers entiers sans eau potable

Le constat est le même concernant les autres départements d’outre-mer français. Si le choléra se transmet aujourd’hui à Mayotte, c’est à cause des conditions de vie détériorées des populations des bidonvilles surpeuplés. « Des quartiers où les maisons sont faites de tôle, très denses, peu ou pas approvisionnés en eau potable et où les gens sont obligés de récupérer de l’eau de ruisseaux ou de captages pas du tout protégés », insiste Renaud Piarroux.

Ces milliers de personnes vivent dans un même endroit et partagent une eau potentiellement contaminée. « Le choléra est une maladie contagieuse mais cela passe essentiellement par le biais de l’environnement, un environnement où des gens malades peuvent contaminer un cours d’eau tandis que d’autres personnes boivent l’eau de ce même cours d’eau », précise encore le spécialiste. Une maladie « de la pauvreté et de la promiscuité » alors à Mayotte, « toutes les conditions sont réunies pour que ça perdure », confirme Eric Caumes.

Un problème politique

« C’est quelque chose qui ne devrait pas exister à Mayotte et qui n’existe pas ailleurs en France », tranche ainsi Renaud Piarroux. Pourtant c’est ce qui se passe là-bas, appuie le professeur spécialiste des épidémies.

Car cette crise sanitaire n’est pas directement liée à la crise de l’eau à Mayotte, qui souffre d’une sécheresse importante. « Le problème vient d’une partie de la population mahoraise qui fait pression pour qu’il n’y ait pas d’apport d’eau potable dans les bidonvilles où sont installés les migrants venus des Comores, c’est donc lié à des problèmes politiques locaux », soutient Renaud Piarroux. Désormais, l’épidémie de choléra met en lumière un contexte sanitaire « qui se retourne contre tout le monde », constate-t-il.

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