
Etienne Decroly aime les métaphores. En quelques minutes de conversation, le directeur de recherche au CNRS, qui traque depuis deux ans, dans son laboratoire de Marseille, l’évolution du SARS-CoV-2, en a déjà essayé trois. « Un tableau contrasté », « une pièce à deux faces », « nous sommes au milieu du gué ». Il s’explique. « Il faut être clair. Qui aurait dit, il y a deux ans, que nous disposerions de vaccins efficaces contre les formes graves dans un délai aussi court ? Qui aurait pensé que cette protection vaccinale perdure malgré les mutations observées ? Pas grand monde. Toutefois, avec les derniers variants, la protection contre l’infection est trop limitée et nous ne savons pas combien de temps nous resterons à l’abri des formes graves. Nous ne savons pas non plus dans quelle mesure les futures mutations du virus vont affecter cette protection. »
Dans le monde scientifique, tout le monde partage, peu ou prou, le diagnostic du virologue. Fin novembre, une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estimait que la vaccination avait, à elle seule, sauvé la vie à 470 000 personnes de plus de 60 ans, dont 39 000 en France. « Une merveille de la science moderne », chantait Henri Kluge, directeur de la branche Europe de l’OMS.
Pourtant, le 11 janvier, le Groupe consultatif technique de l’OMS sur la composition des vaccins entonnait le contrepoint. « Il est peu probable qu’une stratégie de vaccination fondée sur une multiplication des doses de rappel du vaccin sous sa forme d’origine soit adaptée ou durable. (…) Il faut des vaccins contre le Covid-19 qui, en plus de prévenir les formes graves de la maladie et les décès, ont un impact marqué sur la prévention des infections et sur la transmission. Il serait bon de les mettre au point. »
A dire vrai, le monde de la recherche n’a pas attendu la consigne de l’OMS pour s’atteler à la tâche. Des dizaines d’équipes planchent depuis des mois pour tenter d’élaborer ces nouveaux vaccins. Mais quels nouveaux vaccins ? Dans quel but ? Selon quels principes ? Et à quelle échéance ?
Adapter l’antigène aux nouveaux variants
Président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer le dit sans hésiter : « Mon premier souci, c’est de préparer les probables rappels qui auront lieu à l’automne. » En janvier, son instance a certes déconseillé l’administration d’une quatrième dose, constatant que la troisième continuait à bien protéger contre les formes sévères, « mais dans deux, trois ou six mois, on ne sait pas et il est probable que la protection diminue, poursuit-il. Il faudra sans doute un nouveau rappel. Mais avec quoi ? Ça va se jouer entre le vaccin actuel, un vaccin adapté au variant Omicron, ou peut-être à un autre variant, voire à un vaccin bivalent. Le choix est très compliqué, il y a beaucoup d’incertitudes ».
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