Jusqu'à 3 000 Bretons infectés par la maladie de Lyme par an : gare aux tiques ! - Le Télégramme
Un seul passage sur les herbes hautes et les broussailles aura suffi. Sur les drapeaux blancs des quatre chasseurs de tiques, quelques points noirs mobiles apparaissent. Fantastique ! Ixodes ricinus est bien là. C’est le nom scientifique de la tique qu’on trouve le plus en Bretagne. C’est aussi cette variété qui peut être infectée par une bactérie du genre Borellia, responsable de l’invalidante maladie de Lyme. Entre 1 700 et 3 000 Bretons la contracteraient chaque année, selon les estimations du réseau de médecins Sentinelles.
Surtout au printemps et en automne
Autour de Guy Joncour, vétérinaire costarmoricain qui mène cette traque aux tiques, Emmanuel Holder, conservateur de la réserve naturelle régionale des Landes et tourbières du Cragou et du Vergam, et deux gardes-techniciens, David et Pierrick, présentent leur moisson : plusieurs dizaines de ces acariens, minuscules (moins de 1 mm quand ils sont au stade de nymphes), ou de la taille d’une grosse tête d’épingle quand les femelles sont adultes. Ici, dans ces sous-bois et tourbières situés au sud de Morlaix, au pied des monts d’Arrée, elles pullulent en cette période. « Elles sont très présentes au printemps, puis à la fin de l’été et au début de l’automne », précise Guy, jamais mutique quand il faut faire de la prévention.
L’Est de la France et le Limousin sont les régions françaises les plus touchées. En Bretagne, la tique se plaît bien aussi. « Elle aime le temps doux et humide, précise Guy Joncour. Elle est très présente dans les forêts intérieures et se fait plus rare en zone littorale, surtout occidentale. »
Cent fois leur poids en sang !
La tique sort plus volontiers en seconde partie de matinée, quand les températures grimpent. Sa tactique : prendre de la hauteur, sur les herbes, arbustes et broussailles (entre 20 cm et un mètre, parfois jusqu’à 1,5 m), et attendre qu’un mammifère à sang chaud (oiseau, rongeur, chien, chat, bovidé, équidé… ou être humain) se frotte à son support. « On la connaît encore mal, mais on sait qu’elle est très sensible aux émissions de gaz carbonique et à des phéromones », poursuit le vétérinaire.
Et elle peut attendre très longtemps. Un an, et même jusqu’à trois ans pour une tique adulte ! Pour franchir les trois étapes de sa vie (œuf, larve, nymphe puis adulte) qui peut atteindre 9 ans, la tique a besoin d’un « repas sanguin » de 8 jours en moyenne, avant de se détacher et tomber au sol. Adultes, seules les femelles (les tiques n’ont pas de sexe avant ce stade) piquent et se gorgent de sang… jusqu’à cent fois leur poids, pour une taille pouvant atteindre 1 cm !
65 tiques sur lui l’an dernier
Particulièrement exposés : agriculteurs et éleveurs, forestiers, chasseurs, promeneurs et randonneurs, ramasseurs de champignons, mais aussi jardiniers du dimanche (les tiques sont aussi présentes dans les parcs, jardins et friches urbaines). En 2019, Santé Publique France estimait que près d’un Français sur trois avait déjà été piqué par une tique et que 50 000 nouveaux cas de maladie survenaient en moyenne chaque année. David, l’un des deux gardes-techniciens de la réserve naturelle du Cragou et du Vergam présents à cette journée de sensibilisation, a retiré 65 tiques sur lui, l’an dernier ! Emmanuel, le conservateur de la réserve naturelle, « ne redoute pas les vipères péliades ou les charges de sanglier ». « Mais les tiques, si ! »
« Pas de panique non plus, relativise Guy Joncour. En moyenne, 3 à 5 % des tiques bretonnes sont infectées par la bactérie responsable de la maladie de Lyme. » Ce taux peut grimper à 10 % dans certaines forêts bretonnes.
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