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La revue 60 millions de consommateurs annonce mardi 27 février 2018 avoir trouvé de la méthylisothiazolinone (MIT) et autres substances similaires dans la "quasi-totalité" des peintures murales testées (aucun chiffre n'est donné). Interdite dans les cosmétiques non rincés depuis le 12 février 2017, la MIT, biocide de la famille des isothiazolinones fréquemment utilisé comme conservateur dans les produits de consommation courante, est en effet un puissant allergène. La MIT est souvent utilisée pour ses propriétés fongicides, bactéricides et désinfectantes dans un large nombre de secteurs : vernis, colles, détergents, textiles etc. On mesure sa quantité en ppm (partie par millions), une unité destinée à mesurer de petites quantités : 1ppm équivaut à 0,0001%. Mais petites quantités ne veut pas forcément dire inocuité, et la MIT en est un bon exemple.
Un biocide très allergène et volatil
D’après un rapport de l'Anses de 2016, les concentrations en MIT dans les produits à usage grand public vont de moins de 15ppm à plus de 600ppm. Les peintures, elles, contiennent généralement moins de 100ppm de MIT, bien que l'Agence ne puisse pas en être certaine, "le recours à des préparations incluses dans les mélanges commerciaux" ne permettant pas de connaitre les "concentrations réelles en MIT dans le mélange final, en l’absence d’informations complètes fournies sur l’emballage".
PAS DE DOSE LIMITE. Pour les individus déjà sensibilisés à la MIT, la suppression totale de toutes exposition à la substance est le seul moyen d'en éviter la récidive, que ce soit par voie cutanée directe ou aéroportée (diffusée dans l'air). En effet, l'Anses admet dans son rapport ne pas disposer de suffisamment de données pour l'instant pour déterminer un seuil d'exposition en deçà duquel le risque de sensibilisation serait minime, rendant toute exposition potentiellement risquée pour un individu sensibilisé à la substance. C'est pourquoi l'Anses met l'accent, plus que sur l'interdiction de la MIT, sur l'information donnée aux consommateurs, notamment via les étiquettages, afin qu'ils puissent éviter de s'y exposer.
Présent dans les peintures murales, cause de la majorité des allergies au MIT aéroportées
Selon un rapport Européen du Scientific Committee on Consumer Safety (CSSC) de 2013, une « épidémie » de sensibilisation cutanée liée à l’utilisation croissante de MIT dans de très nombreux produits à usage grand public est actuellement observée en Europe. Une étude française réalisée entre 2010 et 2012 auprès de 7 874 patients (population générale et milieu du travail exposé), a ainsi conclut à un triplement des personnes sensibilisées à la MIT en 3 ans, passant de 1,5% en 2010 à 5,6% en 2012. Sur l'ensemble des allergies au MIT rapportées, 8,7% étaient probablement dues à une exposition aéroportée. La peinture contenant de la MIT (parfois en association avec d’autres substances similaires) était, dans 28/29 cas, la cause de l’allergie. Or, l'Anses cite une étude de 2015, qui a détecté la MIT dans 93% des peintures testées, bien qu'elle peine à en déterminer la quantité exacte. Les industriels de la peinture, rapporte l'Anses, ont indiqué que l’utilisation de conservateurs "est nécessaire dans les peintures en phase aqueuse" afin d'empêcher que ne s'installent des agents pathogènes dans le produit fini. La Fipec (Fédération des industries des peintures, encres, couleurs, colles et adhésifs, préservation du bois) rapporte ainsi à la fin du rapport de l'Anses que la MIT est la seule substance autorisée en France à être efficace sur Pseudomonas aeruginosa, une bactérie particulièrement agressive et causant notamment de nombreuses infections nosocomiales. Jusqu'en 2007, les formaldéhydes remplissaient ce rôle, mais ils ont été interdits en raison de leur caractère cancérigène. La MIT serait donc non substituable dans les peintures murales.
EXPOSITION PROFESSIONNELLE. Selon l'Anses, dans les préparations à usage professionnel, la MIT est la seconde substance de la famille des isothiazolinones la plus fréquemment retrouvée, "avec 884 produits recensés dont 471 peintures-vernis, 87 produits de nettoyage et 60 agents lustrant". Les concentrations en MIT y varient de 0,01 à 100 000 ppm (concentration correspondant à un produit biocide). Résultat : le nombre de dermatites de contact allergiques professionnelles liées aux isothiazolinones "a augmenté d’environ 38%, entre 2001 et 2010".
Les industriels de la peinture ont souhaité indiquer la présence de MIT : le font-ils ?
Depuis 2015, le règlement implique que tout mélange contenant plus de 100 ppm de MIT soit étiqueté « Contient de la méthylisothiazolinone. Peut produire une réaction allergique », d'après l'Anses. Cependant, l'Agence elle-même n'est pas encore satisfaite de cette mesure : "au regard des données toxicologiques, le seuil de 100 ppm apparait comme trop élevé pour permettre de protéger de la survenue de sensibilisation", commente-t-elle, admettant tout de même qu’il s’agit "d’une première avancée réglementaire en l’attente d’une classification harmonisée". En ce qui concerne les peintures décoratives spécifiquement, les fabricants européens ont pris l'initiative de mentionner « contient de la Méthylisothiazolinone » sur les emballages "à partir de 15ppm de MIT voire à partir de 1ppm pour certains fabricants". Une initiative à laquelle 60 millions de consommateurs ne croit pas : "Notre étude montre qu’elle n’est pas systématiquement annoncée dans la liste des ingrédients, même quand elle devrait l’être", dénonce ainsi l'association.
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