Des miroirs brisés, du linge sale par terre, une tache de vin sur le tapis jamais nettoyée... L'appartement de Laurence Cottet se résumait à un triste bazar à l'époque où celle-ci buvait deux à trois bouteilles de vin par jour. Dans la salle de bains, une profusion de crèmes pour dissimuler son teint cireux et dans son sac à main des grains de café, pour masquer son haleine.
Ces subterfuges se sont imposés à elle au fil du temps, à force de devoir supporter le regard de la société. Comme Laurence, entre 500.000 et un million de femmes souffrent d'alcoolisme en France, et se murent dans le silence plus encore que les hommes atteint d'alcoolisme.
"Elles souffrent beaucoup du tabou et de la difficulté à pouvoir en parler et à pouvoir être aidées", explique Michel Reynaud, psychiatre addictologue et concepteur du portail Addict Aide.
L'appartement de Laurence, objet de la campagne
"Chez un homme, l'image de l'alcool est convivial, festif, bon-vivant, sympathique... Chez une femme, c'est l'image de la mauvaise mère, de la femme légère, de celle qui, si elle se laisse aller, ne contrôle pas ses plaisirs", poursuit l'addictologue. "Les femmes qui perçoivent ce regard négatif le cachent à leurs proches, à leur conjoint, avec des stratégies extrêmement habiles, et elles font illusion pendant très longtemps."
Pour remédier à cela, une campagne d'information est lancée ce lundi 12 février qui alerte sur l'alcoolisme au féminin, un fléau qui reste un tabou. Cette campagne revêt la forme, originale, d'un jeu vidéo. Elle est à découvrir sur le portail internet addictaide.fr, qui centralise tous les moyens de se faire aider pour lutter contre les addictions.
Savoir détecter l'alcoolisme d'un proche
Et c'est l'appartement de Laurence Cottet, alcoolique durant une dizaine d'années, qui a été reconstitué dans ce jeu. Le but est d'y percer "le secret de Laurence". Le constat est sans appel : il est très facile de passer à côté de l'addiction d'un proche malgré des indices assez visibles, comme une tâche de vin jamais nettoyée sur un tapis, des aliments périmés dans le frigidaire...
Michel Reynaud recommande, en cas de soupçons pour un proche, d'être "attentif aux quantités consommées et aux petits troubles du comportement, l'irritabilité, les petits oublis. Ces petits troubles de la personne qui boit trop, il faut juste reconnaître que ce sont des troubles", explique-t-il.
Pour Laurence Cottet, le salut viendra un jour de janvier 2009, lorsque cette cadre supérieure chez Vinci s'effondrera ivre morte lors d'une cérémonie de vœux. Ce jour-là, Laurence est licenciée, mais c'est la fin de son calvaire. Laurence est aujourd'hui une femme heureuse qui n'a plus bu une goutte d'alcool depuis neuf ans.
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